jeudi 19 février 2009

Brendan et le secret de Kells













"Au environ l'an 800, un jeune orphelin du nom de Brendan fut recueilli par l'abbé Cellach. Rapidement, l'homme s'attache au garçon, devenant son oncle adoptif. Brendan grandit au sein de l'abbaye de Kells convertit en forteresse afin de lutter contre d'éventuels assauts Vikings. Le garçon déborde d'énergie et de curiosité, mais il est étouffé par l'Abbé Cellach qui veut faire de lui son successeur. Hélas pour son oncle, Brendan n'a guère d'aspiration pour le christianisme. De nombreux interdits se dressent devant lui, le principal étant celui de sortir en dehors des remparts de l'abbaye. La vie de Brendan va être enfin bouleversée par la venue du Frère Aidan au sein de la communauté. Le vieil homme débarque d'Iona qui a totalement été massacrée par les hordes barbares. Ce maître enlumineur a réussi in extremis à sauver un précieux livre qui va donner son nom à la légende. Frère Aidan va passer tout son temps à parfaire le livre inachevé, y évoquant sa vie et le massacre d'Iona. Anticonformiste, avenant et drôle, il va devenir un véritable mentor pour Brendan, lui ouvrant les portes de l'art de l'enluminure. Le garçon se détourne inéluctablement de destin d'abbé de Kells imposé par son oncle Cellach. Il va ainsi braver de nombreux interdits afin d'aider Frère Aidan à finir le précieux livre. Il ira même en dehors des hauts murs de la fortification afin de récolter dans la forêt de précieuses baies qui serviront de pigments. Lors d'une de ses escapades, il va croiser Aisling. Ce mystérieux personnage aux traits féminins représente l'esprit de la forêt, mais elle fait partie aussi des Tuath de Dannan, des fées qui vivent aux coeurs des espaces verdoyants de l'Irlande. Sans le vouloir, Brendan va créer de grande tension au sein de la communauté ou enlumineurs et chrétiens vont s'opposer. Mais c'est l'arrivée des Vikings qui bouleversera définitivement l'abbaye. "

Ce projet ambitieux d'adaptation du livre de Kells a nécessité un budget avoisinant les 6 millions d'euros. La production fut répartie sur trois pays avec l'Irlande et le studio Cartoon Saloon, la France et Les Amateurs et enfin la Belgique et le studio Vivi Film. Ce film d'animation se démarque d'emblée par l'esthétique si particulière dans le design des personnages et celui des décors. D'une grande harmonie, la beauté formelle est un vrai régal, tant l'univers est chatoyant et original. Puisant son inspiration directement dans les illustrations des enluminures celtiques du livre de Kells, le réalisateur Tomm Moore a réussi sans entorses aux matériaux d'origine à insuffler littéralement vie aux personnages du livre. À la fois simples et épurés, leurs traits sont d'une grande légèreté. Il s'en dégage une finesse plastique qui propose de véritables tableaux vivants. Le réalisateur s'amuse principalement avec une esthétique plane en 2D entre corps et décors, proche de l'esprit des enlumineurs des livres anciens et celui de certains livres jeunesse.
L'inspiration essentiellement irlandaise permet d'insuffler au film un esprit visuel très personnel et atypique. Il faut dire que l'iconographie du livre est une source fondatrice de l'art irlandais, s'illustrant sur les pièces de monnaie du pays jusqu'aux blasons officiels. L'art celtique se remarque dans le moindre détail comme l'illustre le feu ou l'eau dont les formes en spirales rappellent les motifs des terres cuites de l'époque.
L'autre grand point fort du film réside dans son animation d'une fluidité éblouissante. Le mariage entre les techniques d'animation traditionnelles et celles informatiques a fait merveille, au point de ne plus à les différencier. Le mouvement des personnages et celui des éléments du décor bénéficient d'un rendu plastique ultra dynamique qui procure au film une vivacité de chaque instant. Les passages en dehors de la forteresse sont des plus envoûtants, la faune et la flore s'animant avec fougue et expressionnisme.
Cette richesse picturale est loin de réduire le film en une pure esbroufe visuelle. Bien au contraire, elle rentre parfaitement en adéquation avec le scénario qui est travaillé de telle sorte que petits et grands puissent y trouver leur intérêt. Comportant plusieurs niveaux d'interprétations, l'histoire et les symboles mis en scène sont recherchés, si bien que Pangur Ban n'est pas qu'une simple petite chatte, elle renvoie au christianisme celtique et à la mémoire d'Iona. Ainsi, chaque protagoniste possède de nombreuses facettes qui permettent d'enrichir la profondeur du film. L'univers fantastique et peu commun des enlumineurs mélange adroitement histoire de l'Europe et l'histoire de l'art.
Loin du rôle d'abbé dont il était prédestiné, le jeune Brendan va se révéler au travers du noble art d'enlumineur, nous faisant partager ses moments de doutes sur sa nouvelle vocation. De ses débuts d'illustrations grossières, il va peu à peu acquérir une solide expérience au point que les personnages qu'il couche sur le papier vont prendre vie et se confondre avec le monde environnant, ce qui donnera lieu à un passage de pure fantaisie. Sa quête initiatique va être semée d'embûches, affrontant l'autorité de son oncle, mais aussi les dangers en dehors de la forteresse : loups, vikings, et le dieu Crom Cruach lui-même. À la fois, original et rafraîchissant, Brendan et le Secret de Kells n'accuse jamais de temps mort, ni de lassitude. Entre onirisme et imaginaire pur du héros Brendan, on déguste des yeux chaque instant du film.
source: http://www.dvdrama.com/news-30696-cine-brendan-et-le-secret-de-kells.php





Coup de coeur du mois. Il faut le voir.